Nous pouvons vaincre – avec une lutte décisive sans arrêt

11/03/2024

Nous n’allons pas permettre :

-le démantèlement de l’enseignement Gratuit et Public

-l’abrogation de l’article 16 de la Constitution

 Vendredi 8/3 – Manifestation nationale : un moment historique pour le mouvement étudiant

La manifestation nationale imposante du 8/03, le jour de l’adoption par le parlement du projet de loi sur les universités privées, est historique. Presque 30 milles personnes ont manifesté vigoureusement et avec combativité au centre d’Athènes. Après une mobilisation de longue durée et persévérance (8 semaines), cette manifestation était une des plus massives et combatives dans toute l’histoire du mouvement étudiant. La tentative de la police de la disperser, en ayant recours à des lacrymogènes et en matraquant des étudiants sans distinction n’a pas réussi. Jeunesse, étudiants et travailleurs se sont rassemblés à la place de Syntagma en envoyant un message fort qu’ils n’allaient pas céder face à l’abrogation de l’article 16 de la Constitution et face au démantèlement de l’enseignement public et gratuit. La manifestation du 8/3 ainsi que les centaines d’occupations qui persistent dans toutes les villes reflètent encore une fois la condamnation totale et générale du projet de loi légalisant les universités privées et la condamnation des politiques libérales de privatisations à tout va.

Les qualités militantes qui se sont manifestées ce dernier temps au sein de la jeunesse ne reculent pas, au contraire elles persistent (malgré une certaine fatigue, tout à fait compréhensible) : a) la déroute de la DAP  dans les assemblées générales, b) la condamnation générale du projet de loi, c) le retour de l’occupation en moyen de lutte contre les attaques libérales du gouvernement qui ciblent l’enseignement. Une reconnexion de la jeunesse avec les meilleures traditions militantes du mouvement ouvrier et étudiant. Une certaine reconstitution des syndicats étudiants. d) la création d’un large bloc de lutte, qui s’exprime tout d’abord à travers la participation dans les manifestations massives le 8/2 et le 8/3, et aussi à travers la première vague de participation massive et de consolidation des assemblées générales. Au sein de ce bloc large de lutte et de cette humeur combative, on retrouve les balbutiements d’une nouvelle génération de militants, les premiers éléments d’une avant-garde militante, e) Une tendance à dépasser les « solutions » individuelles et se tourner vers la lutte collective, f) les réponses apportées à l’attaque gouvernementale, qui s’est déchaîné dans 1es médias, aux propos du premier ministre qui a traité les étudiants de « voleurs », et aux tentatives de répression (intervention des CRS dans la faculté de Droit à Komotini, dans le campus à Théssalonique, le matraquage des manifestations etc).

Le mouvement étudiant a su ainsi reveler une condamnation large du “privé” dans la conscience de la jeunesse et dans la conscience du reste de la société, qui a vécu jusqu’à maintenant des experiences rudes, produites par les retombées barbares des privatisations. Le mouvement a dévoilé le manque de scrupules du gouvernement, qui en votant le projet de loi procède à un coup d’état contre la constitution, contre des acquis historiques, en mettant sous ses ordres les juges, la police et les médias.

Ces résultats sont d’autant plus impressionnants et importants (ils pourraient être encore plus développés et explosifs), si on prend en compte que la politique des directions syndicales et de la bureaucratie syndicale  (dans sa version bourgeoise et sa version stalinienne) a laissé le mouvement étudiant isolé, malgré le fait que celui-ci profitait de la sympathie et du soutien des couches populaires et des travailleurs. Ainsi, par exemple, les mobilisations des agriculteurs sont sorties du cadre d’une opposition commune au gouvernement, tandis que les mobilisations des syndicats, par exemple le 8 mars (notamment celles du privé) étaient peu nombreuses et mal organisées, sans la perspective nécessaire d’une généralisation et culmination de la lutte avec des grèves.

 Un gouvernement coincé

Mitsotakis avec sa cour, en imitant Macron, a voté l’abomination anti-constitutionnelle rédigée par son ministre Pierrakakis, en affichant une obstination délibérée et une détermination ferme, car telle est leur politique libérale extrême et car la crise du capitalisme grec dicte des mesures dictatoriales meurtrières. Voici la nature ultra-réactionnaire de ce gouvernement et du régime qu’il bâtit quotidiennement.

Pourtant, Mitsotakis se heurte de plus en plus souvent avec des couches larges de salariés, des couches populaires pauvres et la jeunese et par conséquent il se retrouve de plus en plus affaibli et isolé. La société grecque comprend de plus en plus mieux que le gouvernement agit en ignorant la volonté du peuple grec, en piétinant les lois et la constitution elle-même et en étant complétement impassible par les problèmes et les besoins de la société. L’opposition massive et décisive de la jeunesse aux universités privées, les mobilisations des agriculteurs, la grève-abstention des avocats, les manifestations lors de la grève générale le 28/2 dans toutes les villes du pays, l’indignation générale et la colère contre l’impunité des responsables politiques du crime féroviaire à Tempi et la colère contre les mésures meurtieures, comme par exemple la pleine privatisation du système de santé (opérations payantes le soir) démontrent que les travailleurs, la jeunesse et les couches populaires pauvres prennent la mésure de la situation et comprennent que la seule issue se situe au terrain de luttes.

 

Les alliés du culot gouvernemental: Médias, État autoritaire, opposition parlementaire inexistante.

Cependant, nous ne sommes pas débarrassés de ce gouvernement, qui n’est ni défait ni paralysé, et qui veut gouverner comme une dictature, sans se soucier du fameux “coût politique”, c’est-à-dire des luttes et des resistances sociales, aussi longtemps que celles-ci ne dépassent pas un certain seuil, une certaine limite le ménacant. Ces “republiques de riches” ont déclaré la guerre de classe aux travailleurs et à la jeunesse. La seule chose qui les interesse est la continuation de la rapine et de la rentabilité à travers une perfusion de tout type de richesse (argent de l’état, privatisations etc), l’attaque au droit de travail et aux libertés démocratiques et civiles. Ces gouvernements ont décidé de ne pas arrêter tant que nous ne les arretons pas, même si ils doivent marcher sur des cadavres. Ils sont décidés d’utiliser pleinement leur contrôle sur l’Etat, sur les appareils de repression, sur les médias, ainsi que l’inexistance d’opposition parlementaire, dont une partie represente la même politique de marché libre et de privatisations (SYRIZA, PASOK, Nouvelle Gauche, extrême droite), et dont une autre partie se confine à la normalité parlementaire et soumet toute son activité à son objectif de renforcement électoral (KKE).

Ainsi, ils n’hésitent pas à tuer des travailleurs, des jeunes et des pauvres à Tempi, quand les incedies de fôret et les inondations éclatent, ou avec le démantelement des hôpitaux etc. Ils ne font rien d’autres qu’introduire des lois anti-ouvrières, de commettre des scandales, d’alimenter l’inflation, d’imposer de salaires de misère, des ventes aux enchères et de s’impliquer de plus en plus énergiquement au massacre des Paléstinians par l’État sioniste de l’Israél, mais aussi en faisant des opportunismes par rapport au front de l’Ukraine pour servir la guerre des Etats Unis et d’U.E.

Ce projet de loi est un objectif stratégique des forces politiques bourgeoises: a) Il s’inscrit dans la politique de privatisations afin de redistribuer brutalement la richesse en faveur des riches et des élites, ce qui constitue aujourd’hui la source principale d’enrichissement de la bourgeoisie. C’est une mésure nécessaire pour achever la marchandisation et la privatisation de l’enseignement. b) Il s’agit d’un objectif permanent de la bourgeoisie grecque pour se debarrasser du mouvement étudiant et d’un acquis important des travailleurs.

 Le vote par le parlement ne signifie pas la fin.

Il faut continuer notre lutte. Il faut la transformer en lutte politique contre le gouvernement.

Le constat est clair: nous n’avons pas devant nous seulement une loi, mais tout un régime. Un gouvernement qui veut ne se soucier que des profits des riches et de l’élite. C’est un régime monstre, qui ne peut pas être battu seulement avec deux mois d’occupations et de lutte – surtout quand il est un train de renverser un acquis emblématique vieux de 50 ans (l’article 16 de la constitution existe depuis la Constitution de 1975, qui a été introduite sous la pression de la révolte de Polytechneio). La lutte ne peut pas non plus être victorieuse, si, par exemple, elle se limite dans une dispute judiciaire sur le caractère anticonstitutionnel de la loi, ou si elle se morcèle dans des luttes syndicales partielles, certes nécessaires, contre son application dans chaque faculté ou université séparement.

L’affrontement victorieux avec ce régime exige quelque chose de supérieur. C’est le devoir du mouvement étudiant de transformer cette lutte, en lutte politique, c’est-à-dire en lutte totale contre le régime Mitsotakis, en alliance avec les travailleurs, des agriculteures et les couches populaires pauvres. Un affrontement avec les politiques de privatisation qui nous noient, nous incendient, nous assassinent, contre l’envahissement libéral qui abolit les droits de tout un siècle. D’ailleurs, le gouvernement pose lui-même la question de cette manière: “puisque je détient la majorité au Parlement, vous allez accepter toutes les lois que je propose!”

Les forces du mouvement étudiant, malheureusement, s’avèrent incapables, ayant un programme politique et un plan de bataille qui ne correspondent pas du tout à la férocité de l’attaque que l’enseignement subit. Il s’agit d’un vide politique qui a vu le jour dans les AG, en face des questions de nombreux étudiants, “qu’est-ce qu’on fait après le vote”?

La PKS/KNE affiche son intention de clôturer la lutte, de sorte que les mois jusqu’aux élections étudiantes et européennes se déroulent dans le calme. Ce n’est pas un hasard que dans le texte de la coordination nationale qu’elle a organisée toute seule et en cachette, à Athènes, sans que la manifestation du 8/3 ait terminé, il n’y a aucune référence aux occupations et on retrouve seulement des bavardages bien connus « d’actions multiformes ». Ainsi, dans pas mal de facultés, elle essaie de grater des jours d’occupation, voire clôturer completement le mouvement (ne proposant pas d’occupation ou ne reconnaissant pas l’AG). Mais, la véritable politique de PKS apparaît nettement quand elle s’oppose avec rage aux mots d’ordre “Lutte sans arrêt, jusqu’à la victoire”, et à toute réference que le mouvement doit être présent pendant les mois suivants, durant les élections étudiantes ou même les européennes.

Les différentes forces de l’EAAK ne semblent pas avoir une orientation définie (mise à part ARIS qui s’est rangée avec PKS/KNE). Même ARAS semble ne pas avoir un plan pour la suite des  mobilisations. Elle évitait de répondre aux questions, quoi faire après le vote et elle evitait de se prononcer clairement pour la continuation des occupations, ou pour un plan concret et pour un agenda des mobilisations. Il ne faut pas oublier qu’elle est impliquée dans les jeux électoraux, s’étant ralliée à la politique bourgeoise de MeRA25.

Comment continuer

La durée et l’endurance des mobilisations, la participation massive et la détermination qui se sont manifestées le 8/3, le progrès de la conscience des étudiants et leur opposition totale aux universités privées, la sympathie et le soutien des travailleures et de la société: Tout cela constitue des appuis pour la continuation de la lutte, qui doit adopter la perspective d’une lutte sans arrêt, durant des mois.

Cette continuation serait une première forme de culmination. En affirmant au gouvernement et à toute la société que nous n’allons pas céder. Nous n’allons pas accepter que les facultés reouvrent normalement, tant que cette loi existe, une loi qui détruit nos études, nos vies, notre avenir. Ce constat doit être inculqué à la conscience et à la vie quotidienne de chaque étudiant, de chaque jeune  qui s’inquiète de l’avenir et recherche une manière de lutter.

Cette continuation des mobilisations serait d’une grande importance, elle serait un pas vers l’avant. Pour la première fois depuis des années, le mouvement pourrait continuer après l’adoption d’une loi, au lieu d’avoir accepté l’inévitabilité de sa défaite (comme c’est le cas de la politique de la bureaucratie syndicale et concrétement de PKS/KNE) et au lieu de tomber dans le défaitisme et la déception. Il ne faut pas permettre de clôturer la lutte avec des grandiloques paroles: “la majorité a parlé”, “nous sommes déjà des vainqueurs” ou que la lutte continue avec un bon résultat électoral…

Une telle continuation est possible, avec une politique décisive et un plan adapté:

Α) Avec une continuation des occupations: les occupations sont l’arme le plus éfficace dont disposent les étudiants pour méner leur lutte. C’est seulement en arretant l’enseignement que nous disposons du temps nécessaire pour organiser des actions et diffuser la lutte dans toute la société. Autrement, le gouvernement ne cédera pas.

Β) Avec la continuation de la manifestation hébdomadaire: il faut garder ce rendez-vous de manifestation hébdomadaire chaque jeudi, qui depuis 2 mois rassemble dans la rue des dizaines de milliers d’étudiants, en donnant une suite et une perspective à la lutte.

Γ) Avec l’effort de renforcer la participation active dans des comités et des coordinations, ce qui veut dire un plan d’actions (manifestations locales, tractages etc). Un prérequis pour que notre lutte réussisse est sa convergence avec les angoisses du reste de la société. Les étudiants seuls, nous ne pouvons pas gagner. La pression sur le gouvernement doit grandir de tous les côtés. Il faut mettre de notre côté les élèves et les travailleurs. Le mouvement étudiant doit agir comme le détonateur d’une epreuve de force avec le gouvernement criminel de Mitsotakis. Seulement ainsi, c’est possible de réussir l’unité du mouvement ouvrier et étudiant (pas seulement avec la participation de syndicalistes aux mobilisations des étudiants ou la participation des étudiants aux manifestations des grévistes)

Contre la tentative de division et de sabotage de la lutte de la part de la PKS avec la dispersion des revendications et le morcellement des batailles dans chaque faculté, il faudra unifier le mouvement étudiant avec une révendication générale. Ces batailles ne doivent pas être menées séparement, car elles sont condamnées à être défaites. Il y en avait pas mal de luttes mais la vérité c’est que le financement de l’enseignement est coupé en deux et une série de lois libérales ont été déjà adoptées (loi Kerameos, Loi-Cadre, Loi Gavroglou), qui attaquent le caractère public et gratuit de l’enseignement. Le coup d’état du gouvernement est flagrant, donnant objectivement à notre lutte un caractère politique central. C’est très important que le mouvement étudiant comprenne à quoi il doit faire face pour éviter le danger d’une désorientation et d’un retour à la régularité et l’inaction.

SSP va consancrer toutes ses forces pour protégér les progrès du mouvement et pour mettre en avant un tel plan de bataille pour sa continuation et son renforcement.

Lutte Étudiante Socialiste