Lutte Etudiante Socialiste : Annonce sur les résultats des élections étudiantes de 2023

15/05/2023

1.Les élections étudiantes de cette année ont eu lieu à un moment crucial pour les jeunes et les couches populaires pauvres. Elles ont eu lieu à peine 10 jours avant les élections parlementaires, elles ont donc pris le caractère d’une « répétition générale » pour les partis parlementaires – et pas le caractère d’une étape sérieuse vers la reconstruction des unions étudiantes et du mouvement étudiant. Les appareils des partis parlementaires dans les universités ont tenté et ont réussi – dans une mesure remarquable – à reconstituer leur influence. C’est cela qui explique l’augmentation de la participation par quelques milliers (cette année environ 60 000 étudiants ont voté).

  1. Malheureusement, la discussion a peu ou pas du tout abordé les questions brûlantes de la jeunesse et des travailleurs: le crime ferroviaire à Tempé, l’inflation, les expulsions et les ventes aux enchères des logements populaires, la crise économique, le danger de la guerre, l’abolition des acquis sociaux et des libertés démocratiques, les privatisations en général et en particulier dans l’enseignement public (radiations, frais de scolarité, loyers pour les résidences étudiantes, fermeture d’écoles, réduction importante des admissions aux universités), le danger de la police universitaire (qui demeure), etc. Sous la responsabilité des forces bourgeoises mais aussi des forces de gauche, c’est-à-dire KNE (Jeunesse Communiste de Grèce, organisation de jeunesse du Parti Communiste de Grèce) et EAAK (Mouvement Indépendant Uni de Gauche, regroupement de l’extrême gauche depuis 1990 qui depuis quelques années se fractionne de plus en plus), cette absence de discussion politique sur ces sujets est un phénomène négatif qui cause des dommages au mouvement étudiant.
  2. Pendant l’année dernière, nous n’avons pas assisté à des luttes purement étudiantes, à l’exception des mobilisations initiales contre la police universitaire. Les jeunes, bien sûr, ont participé à des mobilisations (grève du 11/9/2022, manifestation pour l’anniversaire du soulèvement Polytechnique, manifestations anti-guerre, manifestations après le crime ferroviaire de Tempé, etc.), mais soit cette participation s’est produite sans décisions des assemblées générales des unions, soit les décisions ont été prises par les comités exécutifs des unions ou par des assemblées générales sans participation massive (avec l’exception relative de Tempi). Ainsi, les unions ont joué un rôle complémentaire, et pas décisif dans la mobilisation des étudiants. Ainsi, cela n’a pas inversé le climat de recul du mouvement étudiant, le affaiblissements des liens des étudiants avec les unions, le mouvement et les luttes.
  3. DAP, (jeunesse du parti gouvernant Nouvelle Démocratie) occupe la 2e place pour la 2e année consécutive, avec 25,77 % (-1,5 % par rapport à l’année dernière) au niveau national. Malgré l’usure du gouvernement de Nouvelle Démocratie, malgré la colère et le rejet par la jeunesse de la politique gouvernementale, comme en témoignent les mobilisations sur le crime de Tempé, DAP avec ses pratiques bien connues (partys/fêtes, distribution des notes pour les examens et les partiels etc.) a été renforcé par 1 100 voix – ce qui est un problème. Elle ne se présente pas dans des nouvelles unions, mais elle a été renforcée dans certaines où elle était déjà représentée (dans d’autres, il a été affaibli). Elle refuse d’admettre qu’elle n’est pas la première force au niveau national, comme d’ailleurs elle l’a refusé l’année dernière, car avec sa « cuisine » électorale, elle reconnaît le résultat des élections uniquement aux unions où elle s’est présentée. Cette situation est similaire à la façon dont la Nouvelle Démocratie de Mitsotakis tente de perpétuer son emprise sur le pouvoir – tout en étant isolée et dangereuse.
  4. Le PASP (jeunesse du parti socialiste grec, PASOK) a stagné à la 4e place avec 9,46% (-0,5%). Cette année, elle n’a peut-être pas connu une autre forte baisse, principalement en raison des élections nationales et du « renouvellement » angoissant du PASOK / KINAL, que les médias veulent promouvoir, mais son chemin vers la marginalisation est irréversible.
  5. DIKTYO (anciennement BLOCO), la faction de SYRIZA, a gagné environ 200 voix, restant au même pourcentage (2,6%). L’écart entre ces résultats et de l’autre côté les pourcentages de SYRIZA à l’échelle parlementaire et sa tentative de revendiquer le gouvernement est énorme. Ces forces faibles n’ont ni poids ni rôle dans le mouvement étudiant.

7.La 1ère place est maintenue par PKS (formation électorale universitaire de KNE, la Jeunesse Communiste de Grèce) avec 35,4% (+1%), en hausse de 3000 voix par rapport à l’année dernière. Ce résultat est principalement dû à l’absence, tout au long de l’année, de mouvements étudiants significatifs et plus encore au blocage temporaire et à la dispersion des processus positifs et radicaux qui se sont manifestés et produites après le crime ferroviaire de Tempé. Cela a permis au PKS/KNE de limiter le contenu politique des manifestations, de les « clôturer » sans suite et d’appeler les jeunes à voter pour le KKE. Ainsi, le vote au PKS reste une expression déformée de la recherche encore trouble de la jeunesse pour une sortie vers la gauche et en même temps expression des illusions sur des « solutions » à travers une forte présence parlementaire, un vote « contre-DAP » et un choix politique qui n’est que partiellement liée aux mobilisations et aux luttes. Le PKS a opéré un sérieux virage à droite, avec des « occupations symboliques », des « coordinations des comités exécutifs des unions » – et pratiquement tout véritable plan de bataille du mouvement étudiant est absent. Tous ses slogans préélectoraux étaient apolitiques (par exemple « Eux seuls et nous tous ensemble », « renforcer le PKS pour faire tomber le DAP », de la même manière dont SYRIZA utilise un mot d’ordre similaire pour les élections parlementaires, etc.). PKS tente ainsi de consolider une dépolitisation des processus collectifs, par exemple en transformant les élections en un « référendum » pour ou contre le DAP. Aucune confrontation réelle des programmes et des positions politiques, sur les tâches imposées par la politique de privatisation et le démantèlement de l’éducation publique gratuite, sur la guerre, sur toutes les questions centrales. Tout semble être résolu par un vote pour PKS. Par conséquent, son renforcement est principalement sur une base conservatrice – et ce renforcement est accompagné de fraude et d’innombrables manœuvres antidémocratiques du PKS qui ont dépassé toutes les limites cette année, dirigées exclusivement contre les forces à sa gauche.

8.Les EAAK sont encore plus fragmentés que les années dernières : aujourd’hui, dans toutes les facultés où il y a deux tendances de EAAK différentes, elles se présentent séparément aux élections, alors que dans des nombreuses facultés, il y a même trois tendances différentes d’EAAK. Chaque force politique tout en utilisant le nom « commun » EAAK construit sa propre fraction dans chaque faculté. D’une part, « EAAK – AREN » joue désormais essentiellement un rôle de jeunesse de MeRA25 (formation parlementaire de Varoufakis, ancien ministre de l’économie du premier gouvernement de SYRIZA), surtout suite au ralliement électoral d’ARAS (organisation avec des références althussériennes, maoïstes, staliniennes) et d’Union Populaire (dissidents de SYRIZA après le vote de mémorandum en septembre 2015) à MeRA25 : Cette partie d’EAAK a maintenu son pourcentage (10%) et la3ème place au niveau national, enregistrant une augmentation de 500 voix. D’autre part, les « EAAK- Groupes militants de gauche, coalitions » de NKA (organisation de jeunesse de l’organisation de l’extrême gauche NAR, principale organisation d’ANTARSYA), dans lesquelles participe aussi ARIS (également organisation avec des références althussériennes, maoïstes, staliniennes), occupent la 5ème place, avec 6,71% (+1,5  %),  renforcés de 1 200 voix. L’importance de ces chiffres sera visible dans la période à venir, car il est difficile de comparer directement avec l’année dernière en raison de fractions différentes, de la fragmentation, etc. Cependant, les impasses politiques de la « EAAK » demeurent et s’intensifient : une partie s’accroche à une force bourgeoise, une autre appelle à voter pour le KKE, une troisième se précipite pour se démarquer artificiellement, tenant un discours complètement flou, plein de verbalisme et de sectarisme. Des développements ultérieurs concernant l’expression et la physionomie de ces forces ne sont probablement qu’une question de temps. Mais surtout, la caractéristique essentielle c’est l’affaiblissement à gauche du PKS/KNE, ce qui profite à cette dernière.

  1. Dans le même temps, la division et la situation de déliquescence des unions étudiantes, ainsi que les graves phénomènes de dégénération, s’intensifient. Une situation inédite a régné partout dans les séances préélectorales des comités exécutifs des unions. Pour cette situation la responsabilité décisive ou exclusive – presque partout – pèse sur la PKS : la plupart se sont terminées à 6 ou 7 heures du matin le jour-même du scrutin, ce qui a causé un retard des élections dans de nombreuses écoles pour une heure, voire plus, que l’heure prévue ! En usant de l’intimidation, des pratiques violentes et anti-démocratiques pour faire, entre d’autres, disparaître les autres forces politiques de leurs espaces électoraux, qui habituellement sont attribués à chaque force politique pour mener sa campagne le jour même du scrutin. PKS a osé même à menacer une autre force de gauche (NKA) qu’elle lui « interdirait » de se présenter aux élections à toutes les facultés du pays, si celle-ci ne s’inclinait pas en sa faveur, au sujet d’un problème local qui avait surgi lors de la séance préélectorale du comité exécutif de l’union étudiante de la faculté de Physique à l’Université d’Athènes !
  2. Notre fraction, SSP (Lutte Etudiante Socialiste), a stagné en présentant des bulletins de votes à 29 unions étudiantes (parmi les environ 266 unions étudiantes au niveau national), remportant 354 voix et 26 sièges aux comités exécutifs. Pour encore une année, notre fraction est renforcée à l’Université de Ioannina, conservant la 3ème place (en augmentant ses votes de 9%, 281 votes cette année, contre 237 l’année dernière), en gagnant la première place aux facultés de Philosophie et la 2ème place dans quatre autres facultés. Le résultat de cette année n’inverse pas le renforcement constant de notre fraction au cours des dernières années, contre la crise du mouvement étudiant et contre la tendance vers la baisse de la participation aux élections étudiantes. Nous savons que ce résultat n’est pas à la hauteur des besoins du mouvement et de nos capacités en tant que fraction, ni à la hauteur du travail que nous avons tous fourni, mais aussi ce résultat n’est pas à la hauteur de la politique que nous voulons mettre en œuvre. Nous remercions chaque étudiant qui s’est battu avec nous dans la bataille des élections et qui nous a soutenus par son vote. En tant que SSP, nous donnerons toutes nos forces pour transformer le virage à gauche de la jeunesse en développement d’un mouvement étudiant de masse et militant, pour le développement de la radicalisation et de la politisation de la jeunesse. Contre les recettes ratées et sans issue de « victoires » imaginaires, de « mouvements symboliques », d’abandon du mouvement à des « représentants autoproclamés » et à des « associations qui existent uniquement grâce à leurs sceaux ». C’est la seule voie pour lutter victorieusement pour nos vies et notre dignité, pour l’avenir qui nous correspond, contre les lois de la ministre Kerameous, la guerre, l’inflation, pour renverser le gouvernement belliqueux de Nouvelle Démocratie et écraser les impérialistes occidentaux USA-OTAN-UE.